Historique de la SFO
De la RIO à la NRO : le parcours de la Société française d’Onomastique
Les lecteurs de la Revue internationale d’Onomastique, fondée en 1949 par Albert DAUZAT, pouvaient lire dans le numéro de juin 1960 (n° 2, p. 81) : « À l’initiative de MM. Pierre FOUCHÉ et Raymond SCHMITTLEIN [alors directeurs de la RIO], une nouvelle association vient de prendre naissance qui doit répondre au désir des chercheurs français de toponymie et d’anthroponymie » (cf. JO n° 69, 21 mars 1960, 69, p. 2740) : la Société française d’Onomastique (SFO).
Le but proposé était de « favoriser l’avancement de la science dans le domaine de la toponymie et de l’anthroponymie, de coordonner les travaux des spécialistes de ces disciplines et d’établir un fichier central des noms de lieux et de personnes de la France ». Les moyens d’action étaient ensuite énumérés : « un bulletin, des publications, des mémoires, conférences, bourses, concours, prix et récompenses ». On recouvrait plusieurs aspects des activités de la Société depuis sa fondation.
Le 29 juin 1961 s’est tenue aux Archives de France « une séance constitutive » de la SFO ; elle réunissait, autour de son premier président Pierre FOUCHÉ et de son vice-président Raymond SCHMITTLEIN, qui tous deux prirent la parole, un certain nombre de membres. La parole fut donnée ensuite au secrétaire général, Raymond SINDOU, qui précisa les tâches propres à l’onomastique française, en commençant par l’ouverture prochaine d’un Institut d’Onomastique et en poursuivant par la désignation des instruments de travail que la Société souhaiterait voir venir les premiers dans la main des chercheurs : fichiers, répertoires de formes anciennes, répertoire de prononciations locales (l’aspect oral était ainsi mis en valeur), répertoire bibliographique, bibliothèque.
La SFO a dans ses attributions la remise, tous les deux ans, d’un prix fondé par Albert DAUZAT. En octobre 1972, le président, M. Marcel BAUDOT, procéda pour la première fois à la remise du prix DAUZAT, décerné à M. Le professeur Charles ROSTAING « pour l’ensemble de ses travaux et son enseignement ». Depuis cette date, la Société n’a pas failli à sa tâche et le prix a été remis en temps voulu.
En 1977, Gérard TAVERDET, qui devait devenir en 2004 président de la Société, présenta au cours d’une séance son film « Signes oubliés ». L’objectif était surtout pédagogique ; la Société fit le meilleur accueil à ce moyen d’action qui, sans avoir été prévu, tombait tout à fait en accord avec ses finalités. La période la plus difficile fut celle qui suivit la disparition brutale de Mme d’ARTREY, éditrice de la RIO. De 1978 à 1983, la Société fit une expérience amère et dure, la privation de son organe d’expression. Comme le service des abonnements avait continué à fonctionner, elle faillit perdre toute crédibilité et fut menacée de déconsidération.
Heureusement, en 1983, un renouveau de confiance dans l’avenir put succéder aux mouvements d’indignation soulevés par la situation d’abandon dans laquelle une administration liquidatrice avait plongé la revue. Un carré d’anciens membres fit appel à M. Jacques ASTOR, alors au service de l’Imprimerie Maury, pour qu’il l’aide à faire renaître une revue : ainsi fut fondée la Nouvelle Revue d’Onomastique. La Société d’onomastique entretient les meilleures relations avec la Commission nationale de toponymie : la première est plutôt orientée vers les perspectives diachroniques, la seconde se consacre plutôt aux réflexions et aux démarches synchroniques qui en résultent. Le champ d’exploration est si étendu dans le temps et dans l’espace que la diversité des points de vue ne peut qu’être bénéfique à l’ensemble de la recherche.
Jacques CHAURAND