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Nouvelles

SOCIÉTÉ FRANÇAISE D'ONOMASTIQUE

Paris, le 1er février 2017


Les noms des nouvelles régions et des nouvelles communes

Les nouvelles Régions ou les nouvelles communes, résultant d’un regroupement de collectivités régionales ou locales antérieures, sont confrontées à des choix difficiles pour trouver le nom qui les désignera officiellement. En effet comment parvenir à un accord sur un nom qui soit à la fois représentatif de l’ensemble des territoires concernés, susceptible de dire et porter une identité commune et facile à employer aussi bien par les responsables politiques et administratifs que par les simples citoyens ? C’est pourquoi la Société Française d’Onomastique (SFO) a considéré qu’il était de sa compétence et de sa responsabilité d’engager une réflexion sur ce sujet et de donner des avis sur les dénominations proposées ou en cours d’attribution dans l’un et l’autre cas.

En ce qui concerne le nom d’Occitanie qui a été choisi récemment par le Conseil de la Région regroupant les anciennes Régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées à la suite d’une consultation populaire, la SFO tient à présenter les observations suivantes. Il est certain que le choix de ce nom peut être justifié par des considérations historiques. Le nom d’Occitania en latin commence à désigner le territoire de la nouvelle province française, le Languedoc, dès la première moitié du XIVe siècle et plus tard, à partir de 1634, les États du Languedoc auront tendance à nommer Occitania leur territoire. Mais évidemment cela exclut de fait la Catalogne française qui fait pourtant partie de la nouvelle Région. Et surtout il faut bien voir que depuis l’Ancien Régime le contenu sémantique de ce mot Occitanie a beaucoup évolué. Aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, le terme d’Occitanie est lié étroitement à occitan, langue occitane ou langue d’oc. Il désigne l’ensemble des territoires dans lesquels la langue occitane s’est développée et vit toujours, dans des réalisations très diverses. Par conséquent réserver l’emploi de ce mot à l’appellation d’une seule région du domaine occitan nous paraîtrait donner l’impression que les Gascons, les Auvergnats, les Aquitains, les Limousins, les Provençaux… ne sont pas des Occitans. Et dans certaines régions, comme la Provence, cela pourrait malheureusement conforter la position de ceux qui refusent ce terme d’occitan pour désigner les parlers de leur région, opposent le provençal à l’occitan en prétendant que ce sont deux langues d’oc différentes et pratiquent ainsi un repli identitaire néfaste.

La SFO a pris acte de ce qu’une signature « Pyrénées-Méditerranée » serait apportée. Mais il et à craindre que cela ne change pas grand-chose. Dans la pratique, c’est évidemment le titre Occitanie qui sera seul utilisé et s’imposera.

En définitive, tout en reconnaissant que la dénomination d’une nouvelle entité territoriale est une tâche ardue, la SFO considère que d’une façon générale il peut être dangereux de recourir à des noms qui sont certes prestigieux et fortement symboliques, mais qui sont historiquement datés et ne correspondent plus du tout ou ne correspondent que partiellement aux réalités de notre temps. Il semble que ce soit le cas du choix d’Occitanie.

En ce qui concerne les nouvelles communes, la SFO regrette que les nombreuses fusions intervenues depuis quelques années s’accompagnent trop souvent de créations toponymiques plus ou moins fantaisistes, alors qu’elles entraînent par contrecoup la disparition de noms vieux de plusieurs siècles voire deux ou trois millénaires. Comment ne pas s’étonner, en effet, de la promotion de noms à but mercantile, comme Kaysersberg Vignoble (Haut-Rhin), Aÿ-Champagne (Marne) ou pire, Vallées en Champagne (Aisne), ou à vocation principalement touristique, comme Palmas d’Aveyron (Aveyron), Val de Vignes (Charente), ou encore à visée propitiatoire comme Capavenir Vosges (Vosges) ? Comment ne pas s’offusquer devant des modes de formation totalement aléatoires consistant, entre autres, à tronquer des noms existants pour les rabouter dans des assemblages qui confinent parfois au ridicule, la palme étant (provisoirement sans doute, hélas) attribuable à Hypercourt (Somme), qui résulte de la soudure de segments prélevés sur Hyencourt, Pertain et Omiécourt !

Ainsi, la totale liberté accordée aux conseils municipaux, la discrétion des garde-fous administratifs et institutionnels qui filtraient naguère encore les propositions, l’atonie des autorités préfectorales devant ces mutations débouchent-elles sur une sorte d’anarchie dénominative, qui se manifeste aussi dans l’ignorance ou le mépris des règles formelles qui régissent la graphie des noms de communes, en particulier l’usage des majuscules et des traits d’union, ce dont témoigne le stupéfiant Bairon et ses environs (Ardennes).

Comment ne pas déplorer par ailleurs que ces créations plus ou moins fantaisistes provoquent la disparition de noms vénérables installés depuis des siècles : ainsi, des dizaines de toponymes formés à l’aide d’un nom de saint, et pour la plupart fixés dès le début du Moyen Âge, sont-ils menacés ; plus regrettable encore, la disparition de traces - parfois les seules d’ailleurs - d’établissement gaulois, comme Balesme-sur-Marne (Haute-Marne), qui conservait le souvenir de la déesse Belisama.

Faut-il rappeler que les noms de lieux, transmis par le vecteur des langues nationale et régionales, constituent une composante importante du patrimoine culturel immatériel, et qu’ils méritent à ce titre d’être protégés et sauvegardés ? Faut-il rappeler encore que les noms de lieux, comme les noms de personnes, ont été forgés, pour leur immense majorité, avant le XVIe siècle, et qu’ils ont été attribués en fonction du relief, de la végétation, de la nature des sols, de leur utilisation et de leur mise en valeur, mais encore de l’habitat, de la vie sociale, des croyances, témoignant ainsi de la façon dont les hommes ont perçu leur environnement, et constituant de véritables documents sur l’histoire des paysages, l’impact de l’anthropisation, et les mentalités de ceux qui les ont nommés ? Faut-il rappeler enfin que les noms nous renseignent sur la situation linguistique des lieux où ils se sont fixés, et que les toponymes peuvent être de précieux indicateurs pour la compréhension du fonctionnement des langues ainsi que pour la restitution de leur lexique, comme c’est la cas entre autres pour le gaulois ? Précieux indices d’une histoire et d’une culture, les noms de lieux constituent une composante de l’identité des territoires, et pour une part, de celle des hommes qui les habitent, qui les animent et qui les façonnent par leur travail.

Ce n’est d’ailleurs pas tant le phénomène lui-même que son accélération brutale, observée depuis 2015, et la frénésie dénominative l’accompagnant qui justifient notre inquiétude, puisque pour la seule année 2016, la création de 324 noms a entraîné la disparition

de 1097 noms préexistants. Le mouvement de fusion de communes, encouragé par les pouvoirs publics, n’est sans doute pas près de se tarir, et risque au contraire de s’amplifier dans les mois et les années à venir : il ne doit pas se traduire par une dégradation du patrimoine toponymique, et la SFO demande instamment que des solutions raisonnables et de bon aloi, qui existent, soient mises en oeuvre afin de préserver l’intégrité culturelle de ce patrimoine.
 

Le Président de la Société Française d’Onomastique,

Michel Tamine


Pour donner suite à la conférence de M. Roger Brunet à la SFO, vous trouverez ci-dessous les références de l'ouvrage qu'il a présenté :

Trésor du terroir - Les noms de lieux de la France

CNRS Editions (publié le 18/08/2016)

ISBN : 978-2-271-08816-1

Cet ouvrage peut être commandé sur internet (site du C.N.R.S.)  ou en librairie (coût : 39 euros).


La publication des sommaires de la NRO (Nouvelle revue d'onomastique) continue.
Le sommaire du numéro 57 (2015) de la NRO est en ligne.

Il peut être consulté dans la rubrique Publications >> N.R.O.│Sommaires >>> NRO 57 >>>


La Société française d’onomastique (SFO) a pour but de « favoriser l’avancement de la science dans le domaine de la toponymie et de l’anthroponymie, de coordonner les travaux des spécialistes de ces disciplines […]. » Depuis 1983, pour mener à bien sa mission, elle publie tous les ans une revue qui a pour titre la Nouvelle Revue d’Onomastique.

Si les propositions d’article en toponymie et en anthroponymie sont nombreuses, le comité de rédaction de la NRO constate avec regret que l’onomastique littéraire est délaissée et n’est guère représentée dans ses divers numéros. En l’espace de plus de trente ans, on dénombre ainsi moins d’une trentaine d’études, consacrées aussi bien à la Chanson des Saisnes de Jehan Bodel qu’aux œuvres de George Sand, René Char, Raymond Queneau ou Saint-John Perse (voir www.onomastique.asso.fr). Devant un tel constat, les chercheurs sont invités à nous faire parvenir des articles ayant trait à l’usage des noms propres en littérature.

Par ailleurs, le Comité de rédaction de la NRO souhaite thématiser une partie de la revue dès 2017 : le thème retenu pour cette année est la toponymie urbaine. Les auteurs s’intéressant à l’une des multiples facettes de la toponymie urbaine (noms de rues et de voies bien entendu, mais aussi de quartiers, de monuments, d’établissements scolaires, etc.), à ses implications linguistiques, historiques, sociologiques, politiques, etc., mais aussi à son rôle dans la construction mémorielle et identitaire, sont donc invités à proposer le résultat de leurs recherches. Seront également bienvenus les travaux relatifs aux créations toponymiques contemporaines qu’implique l’expansion urbaine, mais qui résultent aussi de la fusion de nombreuses communes depuis quelques années.

Les articles en question ne devront pas excéder 35 pages (caractères Times New Roman, 12, interligne simple). Ils devront également répondre aux consignes tapuscrites indiquées sur le site internet de la SFO >>>

Les articles sont à transmettre à l’adresse suivante : stephanegendron@wanadoo.fr


La prochaine conférence de la S.F.O. se déroulera le lundi 16 janvier 2017, à 15 h, à la salle d’Albâtre du CARAN (Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales), 11 rue des Quatre-Fils, Paris 3e (Métro Rambuteau).

Roger Brunet (CNRS), auteur de Trésor du terroir : Les noms de lieux de la France (2016) : Que peut dire un géographe sur la toponymie de la France ?

Le géographe étudie des lieux dans leur singularité, leur environnement et leurs communautés. Sa question fondamentale est : pourquoi est-ce là ainsi ? Les noms des lieux font partie de ses curiosités : pourquoi ce nom, qu'a-t-on voulu exprimer par là ? Ce travail a visé à mettre en rapport les toponymes avec les raisons de nommer, et donc à chercher la relation entre les qualités ou les apparences des sites nommés et les motivations et les besoins de ceux qui les ont nommés : habiter, circuler, mettre en valeur, se repérer, se défendre, gérer, etc. La mise en situation de toponymes par le terrain et les cartes, l'analyse des changements de noms, permettent, dans une certaine mesure, d'ajouter des indices et des hypothèses, parfois des doutes, à certaines des innombrables questions d'interprétation du sens de noms de lieux dont débattent les différents spécialistes.


Les actes des journées Géolocalisation et sources anciennes de Dijon sont disponibles sous un nouveau format, via le site de l'éditeur i6doc.com en cliquant ici >>>

Ce nouveau format d'impression à la demande, dans la collection Bucema Hors-série, complète la mise en ligne sur Revues.org >>>


La publication des sommaires de la NRO (Nouvelle revue d'onomastique) continue.
Le sommaire du numéro 27-28 (1996) de la NRO est en ligne.

Il peut être consulté dans la rubrique Publications >> N.R.O.│Sommaires >>> NRO 27-28 >>>


Colloque à Naples (Italie) :
« Lexicalisation de l’onomastique commerciale. Créer, diffuser, intégrer », Appel à contribution, CalendaPlus de détails >>>


Le numéro 8 des Cahiers de la Société française d’Onomastique sera bientôt à la disposition des membres de la SFO ; ce numéro est uniquement consacré à la belle étude d’Arlette PLAYOUST sur la « Toponymie de Saint-André-de-Rosans (Hautes-Alpes) ». Sa présentation est la même que celle des volumes précédents : 265 pages ; le volume sera accompagné d’un CD avec deux documents : le texte proprement dit et une série de cartes élaborées par l’auteur.

Madame Playoust était archiviste du département des Hautes-Alpes (ce qui lui a permis de connaître cette région) ; elle nous a quittés prématurément au cours du dernier été, avant d’avoir la joie de voir son travail imprimé.

Les membres de la SFO peuvent commander leur exemplaire en écrivant à

Gérard TAVERDET
22, rue de la Bresse
21121 Fontaine lès Dijon

Joindre un chèque de 20 euros à l’ordre de G. Taverdet
(cette somme comprend l’achat du volume, du CD et les frais de port).

En librairie, le volume sera disponible au prix de 30 euros.

"Les pistes ouvertes par cet inventaire systématique des toponymes de Saint-André-de-Rosans du haut Moyen Âge à nos jours et par les analyses qui ont été initiées sont nombreuses et prometteuses. Comme l'indique bien Arlette Playoust dans ses conclusions, des recherches ultérieures multiples, portant sur l'ensemble d'une section du cadastre, ou réalisées à partir de tel ou tel toponyme qui en fait partie, sont désormais possibles : elles permettront de mieux comprendre le rapport des toponymes à l'occupation du sol. Et de ce point de vue là, il faut dire et redire que ce travail est tout à fait exemplaire. Il mérite d'être connu et imité par tous ceux qui s'engagent dans une recherche toponymique, que ce soit au niveau d'une commune ou d'un territoire plus vaste."

Jean-Claude BOUVIER
(extrait de la préface)


Colloque international « Noms et professions »

Rencontre scientifique internationale

  20 et 21 octobre 2017

Leipzig, Universitätsarchiv

Invitation et „call for papers“

Comme aucune autre catégorie lexicale ou onymique peut-être, les désignations d’activité professionnelle ou d’état social se situent entre lexique général (désignation) et noms de personne et leur contour social (nom propre). Elles font l’objet de plusieurs domaines de recherche: de la lexicologie (historique), des „Realia“ et de l’onomastique. Cette corrélation peut se résumer dans la formule „Wörter und Namen“ (Les mot et les noms), pour les métiers davantage peut-être que pour les noms „délexicaux“ en général.

L’intérêt pour les relations entre professions et noms propres est probablement  plus prononcé du côté de l’onomastique, dans la mesure où la thématique dépasse de loin la fonction lexicale. L’explication du nom doit pourtant partir de l’histoire du mot. Pour le lexicographe est importante la documentation d’un mot, moins la fonction onymique qui dépasse le contexte appellatif.

Cette  rencontre se propose de faciliter le dialogue entre les deux disciplines. Les points de départ pourraient être, parmi d’autres, le „Glossar der altromanischen Berufs- und Standesbezeichnungen (GlossProf)“ ou le volume 5 du „Deutscher Familiennamenatlas“ (1).

L’énumération suivante de thématiques possibles (qui pourra être élargie ou précisée à tout moment) sert de première approche et de structure de la rencontre. En cas d’inscription, nous vous prions d’indiquer la section ou de proposer une autre thématique.

  • Documentation onymique historique (nomination individuelle vs listes onymiques)
  • Dénomination professionnelle lexicale vs surnom individualisant (y compris le passage vers le nom de famille héréditaire)
  • Majuscule et minuscule pour les surnoms “parlants” (transmission historique vs critères d’édition)
  • Noms de métiers dans la toponymie (noms collectifs)
  • Le traitement onomastique des noms de profession dans les dictionnaires onomastiques.
  • Noms de profession et histoire sociale
  • Autour de la formation historique et morphologique des désignations de métiers et d’activité (formations déverbales, dénominales, syntactiques, et autres)
  • Le traitement lexicographique des désignations et noms de professions
  • Classifications actuelles des noms de profession: inventaires nationaux vs européens.

Si vous êtes intéressé, nous vous prions de nous faire parvenir, avant le 31 décembre 2016 (kremer@uni-trier.de), un thème proposé accompagné d’un bref résumé. La présentation orale est en principe limitée à 20 minutes, la version écrite pourra dépasser cette limite. La remise du manuscrit définitif est fixée au 30 novembre 2017. Les Actes seront publiés au printemps 2018 dans la série Onomastica Lipsiensia. Les détails pour la présentation du manuscrit suivront en temps utile.

Les langues de la Rencontre et de la publication sont l’allemand, l’anglais, le français et l’espagnol.

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(1) Voir, dernièrement, Dieter Kremer, „Berufe und Namen“, in: Namenkundliche Informationen 103/104 (2014) 413-479, et  Konrad Kunze / Damaris Nübling (Hg.): Deutscher Familiennamenatlas, Band 5: Familiennamen nach Beruf und persönlichen Merkmalen, von Fabian Fahlbusch, Simone Peschke, Berlin/Boston 2016 („Die Familiennamen im vorliegenden Band beruhen daher ausschließlich auf nicht-onymischem Material, auf Substantiven, Adjektiven oder Verben, wie sie in der gesprochenen Sprache des späten Mittelalters in Gebrauch waren. Damit stellt der Band ein neues Quellenwerk für die Sprachgeschichte insbesondere unter arealer Perspektive dar (…)“, xxiii).